Last updated on avril 3, 2018
La sensibilisation des groupements patronaux, syndicats et société civile a porté ses fruits. La manifestation pacifique organisée pour démontrer le ras-le-bol face à l’insécurité a été… bruyante. Une forte mobilisation des tananariviens a été remarquée.
Forte mobilisation des tananariviens
Klaxons, sifflets, couvercles de marmites, bidons jaunes, cloches, sirènes… Tout ce qui pouvait faire du bruit était le bienvenu, ce jour, pour manifester le ras-le-bol contre l’insécurité. Une manifestation pacifique appelée « Insécurité, kidnapping, aok’izay ! », organisée par les groupements patronaux, les syndicats et les membres de la société civile, ayant pour but d’interpeller les autorités étatiques face à l’insécurité grandissante qui sévit dans la Capitale, et dans tout Madagascar.
C’est ainsi que les chauffeurs de voiture, marchands ambulants, le simple citoyen qui passait par là, au courant de l’heure prévue à cette manifestation : de 12 heures à 12 heures 5 minutes, ont ainsi fait retentir les instruments à leur disposition pour faire du bruit. Analakely, Behoririka, Ankorondrano, Andravoahangy, mais aussi les périphéries comme Tanjombato, Ampasampito, Mahazo, ont été le théâtre d’une cacophonie provoquée par des citoyens conscients de la gravité de l’insécurité actuelle.

cc: Fifamoivoizana eto Madagasikara
Rappelons que l’objectif de ce mouvement était d’interpeller les autorités à prendre des initiatives face aux kidnappings, actes de pickpockets, pillages et autres manifestations de l’insécurité, afin qu’elles organisent une table ronde pour définir des actions concrètes, et qu’elles élaborent un chronogramme de mise en oeuvre des mesures prises.

cc: Fifamoivoizana eto Madagasikara
D’aprèsToky Ravoavy, un syndicaliste, « il faut reconnaître que les gouvernements successifs ont fait des actions mais rien ne semble durable. Il faut saluer les agents des forces (police et gendarme) de l’ordre qui sécurisent, selon leur possibilité, les biens et les personnes. Sinon le pays serait déjà dans l’anarchie totale. Mais pourquoi les bonnes idées ne sont-elles pas généralisées, efficaces et durables ? La réalité actuelle est autrement autre : des interpellations ponctuelles suivies des actions médiatiques puis tout revient comme avant avec plus de gravité ».
Une aggravation qui semble tout-à-fait normale, et pourtant qui a plusieurs impacts, non seulement sur la société mais aussi sur le secteur économique. Bien que le taux de criminalité à Madagascar soit plus ou moins inconnu, l’on sait que celle-ci a fortement augmenté. Cela s’explique par le fait que de nombreux citoyens, trop bassement rémunérés comme on a pu le savoir grâce aux données du Sekrima, choisissent la solution de facilité : le vol, à défaut de mendier ou de se consacrer à d’autres activités plus malsaines.
Réactions
« Il faut se concentrer sur les secteurs productifs (filières saines et porteuses) et la rémunération des travailleurs avant de s’étaler sur le curatif du règlement de l’insécurité […] Il est temps d’orienter toutes les politiques publiques sur le développement du « secteur productif formel ». La réponse est d’offrir des salaires vitaux à tous les travailleurs et des paiements appropriés aux professions libérales (paysans, artisans et autres métiers) avec des sécurités sociales pour tous », exhorte le syndicaliste, dans un article publié sur Facebook.
Pour d’autres citoyens ayant vivement participé au mouvement « Insécurité, kidnapping, aok’izay ! », le mouvement a été intéressant et devrait être « repris » plus fortement.
« C’est intéressant de voir que les Malagasy peuvent quand même se mobiliser tous ensemble face aux problèmes de la vie quotidienne. Ce serait bien de reprendre le mouvement, mais cette fois-ci encore plus fortement et plus longtemps », a témoigné Hanta, une habitante de Mahazo.
Pour d’autres, cette manifestation démontre un ras-le-bol effectif au sein de la communauté.
« C’est clair qu’on peut s’unir finalement, quand on en a vraiment marre ! Si on arrive à nous mobiliser contre l’insécurité, pourquoi ne pas nous mobiliser pour tous les problèmes actuels : corruption, mauvaise gouvernance… ? », exhorte Elisette, mère au foyer à Antanimena.
De leur côté, les forces de l’ordre ont affirmé que la manifestation s’est déroulée dans le calme. Selon le responsable de communication de la Gendarmerie nationale au sein duToby Ratsimandrava, « aucune plainte de tapage n’a été déposé jusqu’à présent (ndlr : aujourd’hui à 16 heures), et aucune mesure spéciale n’a été prise par rapport à cette manifestation ».