Last updated on novembre 26, 2018
La Mission d’observation électorale de l’Union européenne a présenté aujourd’hui sa déclaration préliminaire sur l’observation du processus électoral, suite aux élections présidentielles qui se sont déroulées le mercredi 7 novembre dernier.
Absence de plafonnement des dépenses de campagne
Des irrégularités et anomalies ont été relevées par la Mission d’observation électorale de l’Union européenne (MOE UE) lors des suivis effectués par 100 observateurs européens sur l’ensemble du territoire malagasy le jour de l’élection, le mercredi 7 novembre dernier. Les premières conclusions soulignent plusieurs points essentiels démontrant le caractère désordonné du processus électoral, avant et pendant le jour du scrutin.
Premièrement, la campagne électorale a été marquée par l’absence de plafonnement des dépenses lors de la propagande. Les trois derniers ex-présidents : Marc Ravalomanana, Andry Nirina Rajoelina et Hery Rajaonarimampianina, ont fait appel aux grands moyens financiers, contrairement aux autres candidats qui ont utilisé moins de ressources financières. Ce qui a entraîné des disparités visibles dans la mise en œuvre des campagnes par les candidats : matériels, moyens de communication, moyens de transports, déplacements en Provinces… Les autres candidats ont été désavantagés.
« Cette période, calme en province, plus agitée dans la capitale, a aussi été caractérisée par l’absence de sanctions de la part des autorités chargées de contrôler les abus, malgré les dénonciations publiques et les inquiétudes relevées par le « Collectif des candidats contestataires » et Transparency International », martèle le communiqué de presse.[amazon_link asins=’B071771VPS,B07FF91MCR,B07BNTSJHD,B016F3PF96′ template=’ProductCarousel’ store=’booknewsmada7-21′ marketplace=’FR’ link_id=’03d92720-e436-11e8-afe4-1fb477406ea1′]
La Mission de l’Union européenne a affirmé « regretter » que sa recommandation de 2013 sur le plafonnement du financement de la campagne n’ait pas été suivie.
Caractère désordonné
L’environnement juridique régissant les élections présidentielles à Madagascar est également désordonné.
« L’adoption du nouveau cadre juridique régissant l’élection présidentielle permet la tenue d’élections conformément aux normes et obligations internationales auxquelles Madagascar a souscrit. Ce cadre juridique demeure cependant fragile et devra être renforcé afin de clarifier certaines dispositions restées imprécises et combler des vides juridiques […] », souligne toujours le communiqué de presse.
L’environnement administratif a également observé un désordre. Les fonds nécessaires à la finalisation de l’organisation de la CENI (Commission électorale nationale indépendante ) ont été débloqué très tardivement : seulement à une semaine de l’élection, par le Gouvernement.
Le jour J, la MOE UE a relevé un caractère désordonné du processus d’identification des électeurs sur les listes électorales, et les anomalies relatives à la délivrance des cartes d’électeurs. Ces éléments ont eu des répercussions sur le scrutin, a affirmé la Mission de l’Union européenne. Par ailleurs, la MOE UE déplore que les procès-verbaux n’aient pas été affichés à l’extérieur des bureaux de vote dans deux cas sur cinq.

cc: Book News Madagascar
Partialité des médias privés
Les médias privés ont également été épinglés par la Mission d’observation électorale de l’Union européenne.
« Le monitoring des médias de la MOE UE a révélé que les médias publics ont respecté les dispositions de la CENI, tandis que les médias privés ont fait preuve de partialité envers les candidats, et que les espaces payants ont primé sur leur traitement éditorial », souligne le communiqué de presse.
Rôle des femmes et Droits humains
Malgré les recommandations de la MOE UE en 2013, le rôle des femmes dans la vie politique reste limité et la loi existante ne garantit pas suffisamment la parité. Les 5 femmes présentes parmi les 36 candidats sont sous-représentées dans la scène politique, les partis politiques et l’administration électorale, spécialement dans les régions rurales.
D’autre part, la Mission d’observation a constaté l’absence de mesures d’application des Droits humains assurant l’inclusivité et l’accessibilité aux électeurs atteints d’infirmités, hospitalisés ou en détention préventive. Le cadre juridique des élections présente encore un vide. Pour preuves, l’absence de dispositions relatives pour que les personnes en situation de handicap (PSH) aient accès aux bureaux de vote.
Alors que l’article 158 de la loi n°2018-008 « autorise à tout électeur atteint d’infirmités de se faire assister par une personne de son choix. »
« Les OSC engagées dans la promotion des droits humains soulignent que les PSH sont écartées du processus et même absentes du discours de campagne. Il en va de même des personnes en détention préventive ou hospitalisées alors même qu’elles ne sont pas des contrevenants à la loi. La MOE UE regrette l’absence de disposition légale pour que la CENI mette en place des mécanismes spéciaux permettant à ces personnes d’exercer leur droit de vote », », a-t-on appris de la MOE UE.
Tout cela a pourtant eu des répercussions sur le scrutin.
Points positifs pour la CENI
Malgré un grand nombre de points négatifs, la Mission a quand même enregistré quelques points positifs relatifs à ces dernières élections présidentielles.
La CENI a été reconnu pour son engagement, professionnalisme et indépendance. Ses démembrements ont maîtrisé le calendrier électoral, toutefois, la communication a parfois été insuffisante.
Poins positifs le jour J des élections
Le jour des élections, la Mission a relevé une bonne coopération entre la population et l’ensemble des forces de l’ordre. En général, les opérations de vote se sont déroulées dans un climat de calme et d’ordre.
La déclaration préliminaire de la Mission d’observation a été présenté aujourd’hui lors d’une conférence de presse. Le Chef des observateurs, Cristian Preda, a rappelé à tous les acteurs du processus l’importance d’accueillir les résultats provisoires de l’élection présidentielle dans le calme et l’apaisement. La Mission les appelle aussi à utiliser uniquement les voies légales qui s’offrent à eux pour toute contestation.
Un rapport final plus détaillé? sera remis aux autorités malgaches à la fin du processus électoral. En attendant, la MOE UE restera à Madagascar jusqu’à la proclamation des résultats définitifs, y compris en cas de second tour.